Chercheur et libre, Gilles sort des cases, des catégories et des conventions.
Dans sa brève présentation biographique on ressent la dévotion qu’il a vis-à-vis de ses enseignants, mais on perçoit d’une manière très claire aussi l’homme qui ne se laisse pas emprisonner dans les dogmes ou les institutions.
Dès l’âge de 18 ans, concerné par le yoga postural et la philosophie de cette pratique, il décide de présenter, en terminale, un exposé sur ce thème après avoir lu « Patanjali et le yoga » de Mircéa Eliade. Les questions de déconditionnement et de liberté développées par l’auteur inspirent Gilles. Dès lors, cet aspect philosophique du yoga entraînera chez lui un intérêt croissant pour la pratique du yoga et, après s’être essayé quelques temps à la danse classique, il décidera de se consacrer essentiellement au yoga.
Lignée
B.K.S Iyengar
D’ailleurs, le destin l’y incite, car, en 1971, il croise à Tours, le chemin de Mme Schertz, une élève française de B.K.S. Iyengar, qui revient de Poona. Bientôt, dans l’idée de rencontrer le célèbre enseignant, Gilles se prépare en effectuant un séjour chez Dona Holleman, à Londres , en 1971.
En juillet de la même année, il rencontre B.K.S. Iyengar (qui se trouve) dans la capitale britannique. Il le rejoint ensuite en Inde, à Poona, le mois suivant. Dix années d’étude vont alors suivre, ponctuées de séjours dans l’école de yoga du disciple de T. Krichnamacharya et de rencontres avec ce dernier, lors de ses déplacements en Europe.
Pendant ces dix ans, Gilles fera partie des élèves proches de B.K.S Iyengar, qu’il estimera comme un second père. En effet, le maître, connu pour son exigence, et sa rigueur, dispose cependant d’une humilité qui le rend d’un abord facile.
Durant ces années d’apprentissage, Gilles s’intéresse vivement à la pratique du yoga et à ses techniques, mais c’est surtout le secret du yoga qui l’intrigue et le passionne. Par « secret du yoga » Gilles entend l’aspect subtil et mystérieux du yoga, c’est à dire le moment où le mental disparaît dans la posture et surtout comment la préparation des postures participe à l’obtention de cet état de conscience particulier.
Gilles ne comprends pas l’intention de B.K.S Iyengar de construire sa fondation. Bien que pressenti par le maître pour faire partie des représentants de son institution en France, Gilles continue sa recherche et revient à ces notions de déconditionnement et de liberté inspirées par l’ouvrage de Mircéa Eliade. Ce choix n’empêchera pas B.K.S Iyengar d’encourager son élève dans la voie qu’il s’est choisie. Gilles restera en contact régulier avec l’enseignement de B.K.S Iyengar. Il rencontrera le maître une dernière fois à Poona, en 2011.
K. Pattabhi Jois
A Tours, son premier professeur ayant pris sa retraite, Gilles lui succède et va enseigner le yoga Iyengar pendant dix ans. Ensuite, il se tournera vers l’ashtanga yoga, qu’un ami, Serge Fonteneau, de retour de Mysore, lui fait découvrir. Gilles est captivé par cette autre forme de yoga, qu’il commence à étudier auprès de Serge devenu professeur invité dans son école. C’est un nouveau chemin qui s’ouvre à lui et qui le rapproche de Pattabhi Jois. Il va le fréquenter pendant 20 ans.
« Je n’ai rien oublié de ce que j’ai appris avec Iyengar »
« B.K.S. Iyengar et K. Pattabhi Jois ont eu le même professeur T. Krishnamacharya. On peut parler de deux écoles qui ont la même approche des asana »
« Je suis académique, je pratique l’ashtanga yoga exactement comme enseigné. Mais évidemment, il y avait ma note personnelle, tout ce que j’avais appris de B.K.S. Iyengar. »
Gilles étudie cette méthode avec assiduité, le système des Vinyasa, les postures, la technique de respiration Ujjayi etc.
Lors de ses voyages en Europe, Pattabhi Jois se faisait assister par quelques élèves. À partir de cette expérience Gilles commence à enseigner Ashtanga Yoga Mysore style et les classes dirigées. Il prend l’initiative de développer la technique qu’il va appeler l’entraide où le pratiquant est assisté systématiquement sur chacune des postures de la série.
La pratique de cette méthode le satisfait, mais elle ne l’amène pas pour autant à percer ce secret du yoga qui le motive tant. Gilles connaît alors une période de transition.
Sheshadri
Quand Pattabhi Jois cesse d’enseigner, c’est vers Sheshadri, rencontré à Lyon, qu’il va se tourner. Sheshadri a travaillé avec Pattabhi Jois et B.K.S Iyengar. Celui-ci souhaitait le garder comme enseignant dans sa fondation, pour ses capacités en yoga, et sa virtuosité d’enseignant.
« Sheshadri m’a ouvert à une autre dimension de l’ashtanga yoga par sa manière d’enseigner. Dans l’assistance dans les postures de la série, il est prêt à accompagner l’élève au delà des limites que je m’étais fixé pensant que c’est la répétition des postures qui va produire l’effet promis. Sheshadri fait plus, il rajoute son touché personnel. D’où tenait-il cette connaissance ?
Son intérêt pour la quête du secret a été réactivée alors que Gilles était sur le point d’abandonner après une si longue recherche infructueuse. »
Ce qui va désormais motiver Gilles dans son enseignement, c’est la compréhension et la performance des postures arrière. Il va donc remettre en question la pratique des séries et s’inscrire dans un nouveau courant pédagogique, celui observé lors de son séjour dans l’école de yoga de B.K.S Iyengar où le maître et son fils Prashant pratiquaient devant les élèves. Gilles ne s’était jamais interrogé au sujet de cette autre façon de transmettre le yoga, différente des cours en eux-mêmes. Or, celle-ci prend tout son sens au moment où il s’interroge sur la pertinence des postures arrière.
« J’ai toujours enseigné ce que je pratique. Ma pratique a changé depuis 3 ans, mes cours aussi »
YOGA INITIAL
Gilles pratique cette forme de yoga depuis trois ans environ. C’est une pratique qui lui correspond pleinement, parce qu’il se rend compte qu’elle requiert des ressources énergétiques qui ne dépendent pas de l’âge, ce qui signifie que l’on peut pratiquer cette forme de yoga jusqu’à un âge avancé.
La raison ?
Alors que les extensions passives ne sont pas assez stimulantes, les postures arrière pratiquées en toute sécurité et avec intensité capitalise l’énergie. C’est ainsi que s’explique la valeur physiologique et mentale de l’initial yoga.
Selon l’expérience, le rendement de la dépense énergétique pour la pratique est positif. En pratiquant quelques postures en focalisant sur les points essentiels, la sécurité de la colonne est assurée, et le retours énergétique est gagnant. De plus, l’âge n’est pas un obstacle à la pratique .
En conclusion, le secret de ses bienfaits réside surtout dans le respect physiologique lors de la performance des postures. Dans ces conditions, elles vont apporter au corps un regain de vitalité et un bien-être au mental.